Hello les acteurs de changement,
C’est Matthieu de Redessiner le monde ! ✍️
Cette semaine, une newsletter pour nous inviter à regarder différemment la croissance.
Introduction 👋
Je n’ai jamais été emballé par le débat croissance vs décroissance.
Peut-être parce qu’au fond de moi, je crois que nous avons besoin des deux.
J'ai découvert le modèle des 4 saisons lors d'un séminaire entre entrepreneurs sociaux début 2021. Je me souviens très précisément du moment : j'ai le souvenir que cela avait transformé ma manière de voir les étapes de ma vie et de mes projets.
Ce visuel ne m'a plus quitté depuis.
Il amène pour moi une autre vision de la croissance : en cycle, inspirée des saisons.
En faisant des recherches, je suis remonté à l'origine du modèle.
Je vous raconte ci-dessous 👇
Au programme :
Notre vision traditionnelle de la croissance
Le modèle des 4 saisons
Qu’en retenir pour l’action ?
1. Notre vision traditionnelle de la croissance 🚀
“Toujours plus”
Voici comment nous imaginons un peu tout dans nos vies :
A un niveau individuel :
Succès
Responsabilités
Niveau de rémunération
Mètres carrés de son habitation
…
A un niveau d’organisation :
Chiffres d’affaire
Nombre de salariés
…
A un niveau sociétal :
PIB
Population
…
Ces courbes de croissance sont des visions ancrées en nous ; comme imprimées dans notre cerveau. C’est une représentation mentale culturellement partagée.
La croissance est linéaire, continue, voire exponentielle.
Comment on s’imagine dans 20 ans ? “Avec plus de ça ou ça”.
En vrai de vrai, vous l’avez aussi dans votre tête cette courbe, d’une manière ou d’une autre, non ? C’est normal - c’est sociétal.
2. Le modèle des 4 saisons 🌱
J’aime le modèle qui suit car il nous offre un autre éclairage. Il me semble donner une vision plus juste de la réalité de la vie et de ce qu’est réellement la croissance.
Le modèle des 4 saisons a été développé par Frédéric Hudson, docteur de l'Université de Columbia, écrivain et éducateur américain, considéré comme l'un des pères du coaching. Le modèle est aussi connu sous le nom Roue de Hudson.
Le principe est simple : un vrai processus de croissance comporte 4 étapes de changement. Liées aux 4 saisons, je sais que vous arrivez à suivre.
Les 4 saisons
Le développement est un cycle en 4 étapes, où chaque phase offre des opportunités uniques d'apprentissage et de croissance :
L’été ☀️ : L’été est une période d'activité intense et de performance maximale. On est enthousiaste, dynamique, plein d’énergie : on a mille projets, mille idées ! Même si l’on fait un tas de choses, cela ne nous fatigue pas vraiment. On est à fond, à notre plein potentiel. L’été nourrit la confiance en soi.
L’automne 🍂 : Vient ensuite l’automne, période à la fois de récolte des bénéfices, mais aussi de réflexion. On peut sentir poindre la fin d’un cycle. L’enthousiasme laisse place aux doutes, à de l’ennui, de la frustration… L’automne est une période de réévaluation, d’ajustement, de préparation au changement.
L’hiver ❄️ : L’hiver est une période de désengagement, de ralentissement, de repos. L’énergie est basse. On “hiberne”, en quelque sorte. On peut ressentir de la tristesse. C’est aussi une saison d’introspection, qui peut donner lieu à un travail sur ses valeurs fondamentales, sa propre identité. C’est l’hiver qui permet la transformation. L’hiver est fondamentalement une période de renouveau intérieur et de préparation d’un nouveau cycle…
Le printemps 🌱 : Arrive ensuite le printemps, saison du renouveau et de l’émergence. C'est une phase où l'énergie refait surface. La créativité revient, on expérimente de nouvelles choses, on a l’envie de tester et d’apprendre. C’est le moment idéal pour explorer des idées nouvelles, expérimenter, initier des projets.
Les 2 types de transitions
Une idée que j’ai trouvée particulièrement intéressante avec ce modèle est qu’il y a 2 types de transitions. Lorsque l’on est en automne, on peut passer en hiver ou alors directement au printemps.
Les petites transitions sont des changements automne 🍂 → printemps 🌱 .
Cela consiste à effectuer des ajustements dans la situation, et redémarrer une phase plus motivante rapidement.
On parle de changement de type 1.
Par exemple, changer de projet mais pas de métier, changer d’équipe mais pas d’entreprise, changer d’appartement mais pas de ville… En entreprise, terminer un projet et en démarrer un nouveau, ajuster une offre... Au fond, les méthodes d’innovation agile (“scrum”, “lean” par exemple) consistent à faire des boucles itératives rapides.
Les grandes transitions requièrent de faire tout le cycle et donc de passer par l’hiver ❄️.
Cela arrive lorsque nous avons besoin de changements plus profonds. Cela implique de mettre à jour son identité et son système de valeurs, qui guident ensuite ses comportements. On parle alors de changement de type 2.Par exemple, changer de voie professionnelle, changer radicalement de lieu de vie… En entreprise, faire un pivot radical dans la stratégie en refondant toute l’offre par exemple.
3. Qu’en retenir pour l’action ? ✌️
Pourquoi ce modèle me parle ? En quoi peut-il aider à mieux agir et mieux vivre dans notre monde en grande transition ?
Ce qui m’intéresse, c'est qu’il redessine ce qu’est la croissance.
Avec au moins 2 idées :
Cycles de croissance : Contrairement à une vision linéaire où la croissance est vue comme un “chemin constant vers le haut”, le modèle des 4 saisons reconnaît la nature cyclique du développement. Il suggère que la croissance implique des périodes de “hauts” et de “bas” et que la vraie croissance demande un cycle complet.
Importance des phases de transition : La vision linéaire met une pression constante au “toujours plus”. Les périodes de difficulté ou de ralentissement sont vues comme des obstacles à la performance.
Dans le modèle des 4 saisons, les périodes de difficulté sont vues comme essentielles à la croissance. Elles offrent l’opportunité de se réinventer. Et même, c’est précisément dans ces moments de transition, que se créé la vraie croissance, car ils préfigurent le cycle suivant.
Cela peut faire un lien avec le concept de “Ji” dans la philosophie chinoise, évoqué dans la précédente newsletter : le véritable moment stratégique est lorsqu’un essor est à venir, mais qu’il ne se voit pas encore. C’est à ce moment-là qu’il faut l’accompagner.
Au fond, je crois que nos processus de croissance ressemblent à ça :
Qu’en retenir concrètement ?
Le modèle des 4 saisons me semble être un outil de compréhension et d’action très utile. Il peut s’appliquer à sa propre vie, mais aussi - je crois - à son entreprise, et à la société.
À un niveau individuel
C’est l’interprétation traditionnelle liée au coaching.
On peut retenir les principes suivants :
On ne peut pas toujours être en été. La volonté d'être toujours en été, c'est aussi ça qui mène au burn out.
Pour inventer du nouveau, il faut faire un cycle complet. L’été, c’est très bien pour déployer ce qui marche. L’automne et le printemps pour ajuster ce qui peut l’être. Mais pour faire du très différent, il faut passer par l’hiver.
De toute façon, les hivers sont inévitables dans la vie. Notre enjeu est d’apprendre à bien les vivre. En hiver, il ne faut pas chercher à performer, mais plutôt vivre pleinement cette période. Et tôt ou tard, l'hiver finira par passer…
Il est important d’apprendre à tirer parti des printemps, ces périodes de créativité et d’opportunité. Elles peuvent être rares, c’est une responsabilité de les utiliser au mieux.
Il est aussi essentiel d’apprendre à tirer profit des étés, et donner le maximum dans ces phases là. Ce sont des périodes fructueuses, où l’on apporte beaucoup au monde avec peu d’effort.
En bref, apprendre à identifier dans quelle phase on est, pour en profiter au mieux. Ne pas lutter contre la période, mais l’accompagner pour permettre la transformation de manière fluide.
A noter que l’on peut vivre différents cycles en même temps dans les différentes dimensions de sa vie : on peut être en été personnellement, et en automne professionnellement, par exemple - mais j’observe que souvent il y a une relative corrélation.
À un niveau organisationnel
Tentons l’application aux projets :
Pour moi, tout projet / organisation vit les mêmes phases : émergence, déploiement, pivot éventuel, transformation profonde quand c’est nécessaire…
L’idée la plus importante pour moi ici est : pour une entreprise, ce n’est pas possible d’exiger le même niveau de performance pendant un temps de transformation en profondeur. J’échangeais la semaine dernière avec un comité de direction de grand groupe autour de ce sujet, et cette remarque venait d’eux.
Comment une boîte, cotée en bourse par exemple, peut-elle :
chercher à transformer en profondeur son modèle, par exemple vers le régénératif,
tout en devant, au même moment, montrer à ses actionnaires des résultats croissants tous les trimestres ?
C’est impossible.
Exiger le niveau de performance “d’été” de manière constante, même en hiver, c’est empêcher l’entreprise de se transformer. Avoir en tête la courbe du début de l’article, c’est la condamner à ne pas se réinventer. Évidemment, les résultats devront être au rendez-vous post-réinvention, mais créer du différent demande de passer par une nouvelle phase, et donc une forme de ralentissement automne-hiver avant la phase printemps-été.
À un niveau sociétal
Je tente ici un élargissement aux transformations de la société :
Cette idée de cycle existe déjà largement pour les cycles économiques - souvenirs des cycles Juglar et Kondratieff des cours d’éco 😌
Pourrait-on tenter la même analyse pour les sociétés et les civilisations ?
De ce point de vue, la civilisation actuelle - que je qualifierais de "thermo-industrielle mondialisée" - me semble être en automne, au vu des transformations écologiques et sociales à intégrer dans le modèle de développement actuel.
Quel ajustement pour la suite ?
Léger et direction le printemps ?
Ou profond, avec un passage en hiver, pour faire émerger une nouvelle civilisation ?
Mais je m’arrête là, ce sera l’objet d’une prochaine newsletter sur les changements de paradigme 😊
Conclusion ✍️
La nature et les 4 saisons me semblent une bonne inspiration pour :
avoir une vision plus juste et saine de la croissance ;
mieux vivre sa vie, ses projets et comprendre l’évolution de la société.
J’ai forcément envie de finir par ces mots :
“Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été.”
Albert Camus
Remerciements
Merci à :
Lily Gros et Joy Richez, grâce à qui j’ai découvert le modèle des 4 saisons en 2021. Clin d’oeil à Aymeric Marmorat, Cyrille Tassart, Anne Charpy, Lena Geitner, Diane Dupré La Tour et les autres avec qui nous avons vécu ce moment de transformation 🌱
Maxime de Beauchesne qui écrit beaucoup autour de ces sujets.
Charlotte Lépany dont une discussion m’a donné envie d’écrire sur ce thème.
Toutes les personnes qui m’ont accompagné, et qui plus largement, accompagnent les hivers pour trouver en soi des invincibles étés !
Communauté apprenante
Je vous invite à :
Partager comment ces idées résonnent pour vous en commentaire ! Notamment cela m’intéresse d’un point de vue organisations et société.
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Pour la suite
Vous pouvez me suivre sur LinkedIn où je partage des clés pour mieux agir et mieux vivre dans notre monde en grande transition.
Je donne des conférences autour de ces sujets : leadership, transformations, nouveau monde.
A très vite pour continuer à redessiner le monde ! ✍️
Matthieu
Merci Matthieu pour cette inspiration ! La Nature nous montre toujours le chemin de l'Equilibre et de l'Harmonie. Cette vision circulaire, c'est la Roue de Médecine amérindienne qui me l'a personnellement apporté. Les cycles se vivent aussi de manière incarnée chez les femmes. A chaque saison sa Médecine. Ainsi on apprend même à aimer l'hiver, plutôt qu'à "attendre" qu'il passe, car il porte en lui le Rêve. Imaginerions une vie sans dormir, sans rêver ? La régénération du corps et psychique ne se fait-elle pas quand nous dormons ?
Cette roue nous donne tellement de repères pour habiter l'espace et le temps autrement. Avec Humilité et Puissance (plutôt qu'avec "force", qui souvent abime), parce qu'avec le concours des énergies en présence.
Merci Matthieu pour cet article hyper inspirant ! Ca me touche beaucoup parce que c'est un sujet que j'explore en profondeur depuis plusieurs années, notamment en relation avec le temps. Je crois sincèrement qu'en voyant le temps comme linéaire et mécanique, on perd toute une dimension de notre transformation personnelle et d'épanouissement collectif aussi. Alors repenser son temps avec des cycles et les saisons, c'est déjà faire un pas vers le changement. J'aime bien l'idée d'associer ça au concept de croissance, qui permet de mettre en lumière le fait que AUCUN être vivant n'est à 100% tout le temps. Même les arbres perdent leurs feuilles, et les graines dorment l"hiver 😊